Qui n'a jamais rêvé de brûler sa télé ou de pratiquer un exorcisme sur son poste de radio en entendant ces voix "culotte mouillée" vendre les mérites d'un yaourt censé favoriser le transit intestinal ? Ou en comptant les corps de femmes plus ou moins dénudés peuplant ces pubs improbables qui partent du postulat que le cerveau du consommateur est un gadget superflu et encombrant ?
Certaines avant nous l'ont clamé haut et fort, tout en resserrant d'un cran leur ceinture de chasteté : " La pub est l'instrument du diable".
On est bien obligé d'approuver (ben si, un peu quand même). La femme-objet des publicitaires sexistes nous livre toutes (oui, les vieilles et les aigries aussi !) à la concupiscence masculine. Beurk, caca. Mais ça c'était avant.
Aujourd'hui, c'est au tour des garçons de s'accrocher à leur braguette. Parce que la pub 2.0 cherche à transformer ces messieurs en toy boys, et nous, en gourgandines.
Avec sa dernière campagne de pub, la marque Vichy a décidé de "secouer" les esprits féminins en créant le site interactif Pause Popotin : " Nous avons crée cette pause popotin parce que nous voulons que vous aimiez le vôtre autant que vous aimez le leur" peut-on lire en page d'accueil.
Ah bon ? Et comment c'est possible ?
Le site propose plusieurs popotins : le surfeur, le costard, le sportif, … à chacun sa personnalité. Ne ris pas ! C'est essentiel vu que la tête des garçons est hors-cadre. Et oui, la consommatrice potentielle est face à des popotins sans visages, des hommes réduits à leur arrière-train et à leur habilité à s'en servir. C'est-y pas merveilleux ?
Vichy invite donc l'internaute dévergondée que tu es (tu n'as pas fermé ton laptop en poussant des cris d'orfraie, que je sache ?) à sélectionner son popotin préféré, à le désaper d'un clic et là, le show peut commencer. Car le popotin sans visage t'obéit au doigt et à l'oeil : tu peux l'obliger à contracter ses petits muscles, se claquer la fesse, danser, se secouer. Tout ça, sur le son de Make the girl dance : "Baby baby, baby". Dans le clip, 3 filles se baladent à poil, rue Montorgueil. Un choix musical stratégique pour contrer toute accusation d'atteinte à la dignité masculine, peut-être ?
Hum. Rappelons au passage que le produit à vendre est une crème anti-cellulite.
On a bien intégré le fait que la pub est censée provoquer le désir de consommer. Mais consommer quoi ? Ou qui ? Il faut bien admettre qu'ici, les intentions de la marque sont floues. Après avoir profité de cette pause polissonne, on ne ressent pas spécialement le besoin d'acheter leur fameuse crème.
On a envie de regarder un autre popotin en revanche. Après tout, il y en a 11 et il serait dommage de faire de la discrimination par omission, pas vrai ?
Quand on les a tous vus, on recommence (Vichy veut qu'on aime ces popotins, non ? Comme l'amour ça ne se commande pas, on va regarder jusqu'à ce que le spectacle nous plaise et qu'on aime avec un grand A).
Puis on se met à établir une liste comparative des talents des uns et des autres : popotin n°4 se claque mieux que popotin n° 6. Le 2 exécute des contractions spectaculaires mais la danse du 3 le met quand même hors-jeu. Quant au 8…on aimerait bien bouger-bouger avec lui, tiens.
Au final, on a oublié note lutte anti-cellulite et on se dit qu'il est temps de prendre ces fesses en main et de retrouver leurs propriétaires.
Tremblez dans vos caleçons, messieurs, la chasse au popotin est officiellement ouverte !
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