On les appelle, les chasseurs de matières grises. Personne ne connait leur identité ni leurs revendications. Ils opèrent depuis des siècles en toute impunité, frappant sans discrimination d'âge, de sexe ou de classe sociale. Ils dépouillent leur proie de son cerveau et lui laissent un vide abyssal dans la boite crânienne. Dépossédée de son organe, la victime se met en pilotage automatique : elle fait et dit n'importe quoi.
Aujourd'hui, la traite des cerveaux est devenue un problème de santé publique car elle donne lieu à des aberrations qui provoquent l'émoi de la population valide et embouteillent les réseaux sociaux.
Statistiquement, le milieu le plus touché est celui de la mode ( juste derrière la politique ).
Voici quelques cas récents :
Mango tente actuellement de commercialiser une ligne de bijoux "style esclave". Tu as bien lu. Pour 2013, la marque espagnole s'est lancée le défi de mettre l'esclavage à la page. C'était sans compter sur ceux qui possèdent encore leur cerveau et qui l'entretienne amoureusement avec du fer, des Omega 3 et une sollicitation régulière.
Est-il nécessaire de préciser que devant l'ampleur de la polémique Mango risque désormais d'oeuvrer activement pour l'abolition de l'obscurantisme de certains modeux qui voudraient faire passer leur goût douteux et /ou leur mauvais esprit pour du génie créatif.
Personne n'osera porter ces breloques ( à part peut-être dans le cocon feutré des clubs SM spécialisés dans les reconstitutions historiques ).
Ah, juste pour la blague : la marque parle d'une erreur de traduction. Mmmmm… n'y aurait-il pas plutôt une erreur de "reproduction" ?
Voici un collier d'époque
et voilà le modèle de Mango
Et cette jeune top model de 16 ans, blanche de peau, que le magazine français "Numéro" a "colorié" en noir pour une série de clichés ( c'est le cas de le dire ) intitulée : African Queen
Manifestement, ni le photographe Sebastian Kim ni le directeur de publication de "Numero" n'ont vu le film de Spike Lee, Bamboozled. En même temps, si tu n'es pas équipé pour l'analyser, ça ne sert pas à grand chose.
Que dire des Adidas Shackles retirées du marché, l'été dernier, suite à l'indignation populaire ? Créées par Jéremy Scott, ces baskets avaient l'originalité d'être accessoirisées. Avec des menottes jaunes en plastiques. À attacher aux chevilles.
La firme allemande a bien essayé de défendre le côté "joyeux" de ces chaussures, mais de nombreux consommateurs les avaient déjà assimilées à des fers.
On ne reparlera pas de l'article fumeux du magazine Elle sur les Noirs et la mode, n'est-ce pas, ni du dérapage de Guerlain sur le plateau de France 2, en 2010. Il est maintenant évident pour tout le monde que cette traite des cerveaux doit cesser au plus vite car elle entraine la surchauffe des cervelles restantes.
Note à tous ceux qui tendent le bâton pour se faire battre : on sait, c'est dur d'être cer-volé, la vie est injuste, blablabla, mais franchement, il y a des coups de fouets qui se perdent.
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