Parce que je kiffe ma conversation. C'est une raison valable, ça, non ? Et d'abord, est-ce que je t'en pose moi des questions, mister ? On est en démocratie, des inconnus me donnent bien du "vous êtes charmante mademoiselle". Il s'en est même trouvé un pour me demander si j'étais la fiancée de Gargamel. Ils usent (et parfois abusent grrr) de leur liberté d'expression. Je peux décider de ne pas leur répondre ou lâcher en retour un "merci" discret ou un encore plus discret "va donc te faire..". Telle est la magie du vivre-ensemble : je fais ce que je veux en sachant que ma liberté s'arrête là où la tienne commence.
Je peux aussi choisir de ne pas gâcher la confiture (oui, c'est ainsi que je désigne ma salive) avec des cochons et faire un brin de causette avec moi-même à la place.
L'avantage de se parler à soi, c'est qu'on est sûr d'avoir un interlocuteur attentif.
Je ne me soule jamais. Quoique. En tout cas, jamais tu ne me verras bailler, lorgner ma montre ou trépigner d'impatience quand je me parle.
Si je me livre une info confidentielle, je peux être sûre qu'il n'y aura aucune fuite et je ne me ferai jamais un compliment par hypocrisie non plus (pas le style de la maison).
Ajoutons à cela que j'aime bien le son de ma voix. Ca, compte. Tout comme l'intonation : l'accent parisien mi-chicos, mi-chiqué,100% bolos suffit à lui seul à décridibiliser un propos, par exemple. Idem pour ceux qui roulent leur r comme des Russes en colère.
Alors pourquoi ne me parlerais-je pas, hein ?
- "On va te prendre pour une folle, miss".
Tant qu'on ne me prend pas la tête (comme toi là maintenant tout de suite)...
Et pour ta gouverne, quand on a un minimum d'éducation, on ne s'immisce pas dans une conversation privée, comme tu t'es permis de le faire avec moi (ou dois-je dire nous vu que je suis deux, même si c'est toujours moi ? ).
Sur ce, tu m'excuseras, je m'attends, là.
Dans ma bulle.
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