En me levant ce matin, avec un mal de reins devenu chronique (l'obsolescence me guette), j'ai trouvé que ce dimanche de la Divine Miséricorde était le jour idéal pour faire mon coming out.
Les mécréants diront que je cherche à parfaire mon image de vieille aigrie. Que nenni : avec mon Master II "Aigreur et Amertume" et mes années d'expérience, je n'ai plus rien à prouver.
Dieu m'a donné la foi, c'est tout. Comme à Ophélaïe. Tu pensais sûrement que c'était un privilège réservé aux blondes à forte poitrine ? Et bien tu te fourvoyais : la foi, c'est pour tout le monde. Y compris les vieilles et les aigries.
Alors, je n'ai pas renoncé officiellement à Satan. C'est prévu l'année prochaine. Étant donné que je possède de sérieuses prédispositions à la médisance et autres gracieusetés du même acabit, je risque de chuter en chemin. Et pas qu'une fois. Mais je finirai toujours par me relever : vu l'état de mon dos il est hors de question que je dévale des escaliers comme la jeune Régine dans l'Exorciste.
La prière, c'est comme les vitamines mais en mieux
Déjà c'est gratuit. Ensuite, la vitamine agit à moyen terme. La prière : à très long terme. C'est bien joli de se shooter avec des cocktails de millepertuis- acerola-fleurs de Bach ou encore de s'épuiser au Body combat pour ne pas craquer. Mais cela ne t'offre qu'un soulagement éphémère. De plus, intellectuellement, ce n'est pas satisfaisant du tout car ceux qui sont à l'origine de ta "contrariété" multiplient leurs méfaits en toute impunité.
Qui viendra enfin leur administrer leur "traitement" ?
Faites entrer le Créateur !
J'ai toujours eu un petit faible pour le Dieu vengeur, prêt à dégommer tout ce qui bouge dans une attitude très rock'n'roll. J'avais pour habitude de distribuer à la pelle des "Sheh, Dieu t'a puni", souvent suivis d'un ricanement démoniaque, ce qui est plutôt paradoxal. Avec l'âge, je me suis un peu calmée. Aujourd'hui, je respecte tout autant le Dieu d'amour et de compassion. Il suffit d'adapter ses prières.
Exemple : "Seigneur, je ne peux pas déboulonner cette bouffonne mais ce n'est pas l'envie qui m'en manque, donc je Te la confie."
Traduction : J'aimerais bien lui pardonner mais c'est au-dessus de mes forces. Tu peux donc me venger si Tu veux. Même après ma mort ou la sienne : j'ai intégré la notion du châtiment différé et j'adhère (comme si j'avais le choix). Mais si dans Ta grande miséricorde Tu veux lui accorder Ta grâce, fais-Toi plaiZ, j'accepterai que ta Volonté soit faite (mais serai sacrément déçue).
La prière peut s'apparenter à de l'auto-maraboutage, quoiqu'il en soit, elle guérit tous les maux.
Prier en meute : funky or not ?
Les fidèles ont parfois l'air de s'ennuyer quand ils se retrouvent tous ensemble. Certains baillent ou roupillent carrément. D'autres se balancent, de la pointe des pieds aux talons comme s'ils voulaient éprouver la souplesse de leurs semelles. Il ne faut pas systématiquement l'interpréter comme un signe de désintérêt.
Personnellement, j'éprouve le besoin de me trémousser quand je chante (la faute à mon destin contrarié de chanteuse pop). D'ailleurs, j'adore l'acoustique des églises : tu peux y chanter à gorge déployée, faux et d'une voix de crécelle ( pourquoi les chants sont-ils toujours si haut perchés ? ) personne ne te dira rien.
En revanche, il est parfois difficile de tenir éloigné les pensées parasites. Je me souviens m'être interrogée sur un moyen efficace d'abréger les souffrances de ce gamin qui braillait depuis le début de la cérémonie.
Et lorsque j'ai vu les prêtres de ma paroisse déplacer la croix pour l'Adoration, il y a une dizaine de jours, je me suis demandée combien de mètres pourrait parcourir un voleur avec une telle charge sous le bras, avant que toute la communauté ne se lance à sa poursuite.
J'ai également souri en me faisant la réflexion que j'étais en excellente forme physique (c'était avant mes problèmes de reins) et que j'irais plus vite que n'importe quel voleur lambda. Ensuite, je me suis rappelée que c'était le souk chez moi et que je n'avais pas de place pour une croix de cette taille.
Dire sa foi
Hon hon. FBI : Fausse bonne idée. Ce genre d'information relève du "social" faux pas. Il est mal vu (et interdit dans certains milieux ) d'imposer à la vue de ses petits camarades des signes de foi ostentatoires.
Certains finissent même par en voir là ou il n'y en a peut- être pas : Sirine, 15 ans, a été expulsée de son collège parce qu'elle portait un bandeau noir qui couvrait ses oreilles. L'adolescente voulait "faire mode". Sa principale, héraut autoproclamé de la laïcité, a détecté dans cet accessoire une affiliation religieuse. Laquelle ? Heu...celle des "Adorateurs du bandeau" peut-être ? Non, parce qu'il s'agit plus d'un petit mouvement dissident de fashionistas que d'une congrégation, madame la Principale. De fait, le port du bandana (et de fichus en tout genre) a connu son heure de gloire dans les années 90 et ce, dans tous les collèges-lycées de France sans que ça pose question. Mais bon, on n'arrête pas le progrès.
Il n'est pas condamnable de prôner la discrétion, mais dans certains cas, ne vaudrait-il pas mieux être mis au parfum ? Cahuzac adorait le Dieu Argent, en secret. Ne crois-tu pas que François le Mécano aurait bien aimé savoir (… que ça se saurait) ? Aujourd'hui, il s'en ronge les doigts jusqu'à l'os (ce qui est du suicide vu sa profession, j'en conviens).
Joyeuses Pâques !
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