Le 17 février, c'était le Mercredi des Cendres, jour qui marque l'entrée dans le temps de Carême chez les Chrétiens. À ma grande honte, je dois avouer que j'ai failli... louper la date.
C'est difficilement concevable, surtout quand on s'est autoproclamée grenouille de bénitier ! Mais peut-être avez-vous entendu parler de la chute de la pratique dominicale due à la crise sanitaire ? Hé bien, je fais partie de ces paroissiens qui ont décroché. En 2020, on a eu droit à un carême confiné et à une célébration de Pâques devant nos écrans. C'était surréaliste mais en même temps, n'étions-nous pas tous, Chrétiens et non Chrétiens, en train de vivre une traversée du désert sans fin ?
Pendant le confinement, j'ai prié comme jamais, en mode retraite (détention ?) spirituelle. Mais lorsqu'on a enfin été autorisés à retourner sur les bancs de l'église, masqués, hydroalcoolisés et surtout distanciés, ma foi a fait pfuit ! Mon cerveau mysophobe butait notamment sur la communion et la distribution de l'hostie. Comment préserver les règles d'hygiène ? En jetant l'hostie de loin et en demandant aux fidèles de la gober au vol comme des otaries ? Ou en les invitant à venir avec une pique à cocktail pour piocher eux-mêmes l'hostie dans la coupe ? Ces questions logistiques, beaucoup se les sont posées. Un prêtre de ma connaissance craignait notamment que les paroissiens lui croquent les doigts au passage car "ça arrive plus souvent qu'on ne le pense" ! #leucharistiedetouslesdangers
Malgré la menace de la Covid-19 et de la rage, ce valeureux prêtre s'est remis à célébrer la messe IRL tandis que je renonçais sournoisement à y participer, en comptant sur la miséricorde divine - "Dieu Sait que je suis incapable de retourner à l'église dans de telles conditions".
Et puis, l'autre matin, je me suis levée la tête... mal placée dirons-nous. J'ai décidé de faire du yoga en écoutant une messe sur la chaîne KTO (pas très conventionnel, j'en conviens). Là, du coin de l'oeil je vois le Pape François en direct de Rome mais je ne comprends pas ce qu'il fabrique. Il a l'air de signer le crâne des gens, mais pourquoi ? (Je rappelle que j'étais mal réveillée et surtout à mille lieux du carême, honte à moi) Et puis je vois ce titre : "Messe du Mercredi des Cendres".
"Ah okaaay", je me dis. "L'imposition des cendres, symbole de pénitence et appel à la conversion ! Le début du carême, quoi, le... WHAAAAT ?! C'est aujourd'hui ?!"
Et là, j'ai ri.
J'ai ri parce que je me suis sentie gentiment rappelée à l'ordre.
J'ai ri de plaisir et de gratitude : si j'avais vraiment oublié le début du carême, je l'aurais très mal vécu.
Il faut savoir qu'écouter la messe le matin en faisant du yoga est une lubie qui date de ... 3 jours à peine. J'ai commencé lundi, zappé le mardi et tenté de me re-motiver mercredi. Comme par hasard...
J'ai donc ri parce que j'ai reconnu l'intervention de Dieu. Et son humour.
Grâce à ce clin d'oeil ou plutôt à cet appel du pied, j'ai pu assister à la messe de ma paroisse qui a été avancée à midi, couvre-feu oblige.
Lors de son homélie, le curé a rappelé les paroles du Pape François qui définissait le carême comme un "voyage de retour à Dieu". C'est précisément ce sentiment de "retour à Dieu" que j'ai éprouvé en reprenant le chemin de l'église mercredi. J'ai eu l'impression de rentrer au bercail tout en ayant la conviction que j'y étais chaleureusement attendue.
De fait, une fois là-bas, j'ai retrouvé une amie que je n'avais pas vue depuis février 2020. J'ai également été accueillie par le prête qui m'avait baptisée en 2014 et qui vient juste de revenir à la paroisse après des années d'absence.
La gêne que je ressentais à cause de ma désertion de ces derniers mois s'est envolée pour laisser place à une grande joie.
J'ignore de quelle manière je vais vivre ces 40 jours de conversion mais je me sens déjà renouvelée et j'entame ce "voyage" -comme le nomme le Pape François- avec bonheur.
Bon début de carême !
Paix et amour sur vous tous !
PS : Petite précision pour ceux qui sont, comme moi, très à cheval sur les mesures d'hygiène : les prêtres n'ont effectivement pas fait le signe de croix sur nos fronts mais ont déposé la cendre au creux de nos mains. Après un moment de méditation, nous avons été invités à signer nos fronts nous-mêmes.
Quant au Pape François, il signait le sommet du crâne des fidèles (par mesure d'hygiène toujours) d'où ma confusion.
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