Que celui qui ne s'est jamais posé la question lève la main !
Le con est le plus grand bug de l'univers. Il sème le chaos partout car... breaking news "il est partout" : au pouvoir, dans les salles de sports, dans les transports, les administrations, au bureau, dans notre immeuble. Il se cache au sein de notre famille, parmi nos amis. Et parfois, on est aussi un peu couillon sur les bords. Mais l'ouvrage du philosophe Maxime Rovère ne s'intéresse pas aux cons que nous sommes mais plutôt aux cons que nous pourrions devenir. Car le titre complet de son ouvrage est "Que faire des cons, pour ne pas en rester un soi-même ?".
Quand mes yeux sont tombés sur la 1ère partie du titre, celle qui est en gros et en gras "Que faire des cons", mon âme a frétillé de contentement comme à la vue d'une place assise dans les transports en pleine heure de pointe. En lisant la suite en petits caractères, j'ai eu un sursaut incrédule : à quel moment avais-je rejoint le clan des cons ?!
Je ne me suis pas attardée sur cette anomalie et j'ai acheté cet ouvrage (ce dont je me félicité) qui analyse la nature de nos émotions face à la connerie et la façon dont notre haine (légitime) des cons peut nous corrompre.
Comment identifions-nous un con ?
"Le con est celui qui manque de respect aux autres, qui méprise un précepte même du simple bon sens, qui en définitive détruit les conditions pour vivre ensemble", résume Guillaume Rovère. Si la connerie nous est insupportable c'est parce qu'elle est "la face repoussante de la faiblesse humaine". Nos exigences morales reflètent l'idée que nous nous faisons d'un être décent. Et même si on n'y parvient pas toujours, on essaie de s'y tenir. Le con, lui, ne comprend rien à ces principes et prend un malin plaisir à les piétiner avec ses gros sabots d'ignorance crasse.
Mais même si on ne peut pas être tous du même avis tout le temps, rien ne nous empêche d'échanger pacifiquement sur nos idées, n'est-ce pas ? En théorie, oui. En pratique, dialoguer avec des cons c'est du saut à l'élastique sans élastique : des sueurs froides, une chute dans le néant et la mort cérébrale au bout.
Si le con reconnait qu'il a tort, il cesse d'être un con, souligne Rovère. Or, il existe ce que l'auteur appelle des cons de système qui "ont pris pour valeur de n'avoir aucune logique, autrement dit d'être tout à fait incohérents".
Tous ceux qui ont déjà eu affaire à des individus qui avançaient une chose et son contraire dans la même phrase peuvent attester qu'il s'agit là d'une expérience aux frontières du réel. C'est comique ou effroyable, selon la nature de notre relation avec les cons de système. C'est potentiellement pernicieux car si on n'y prend pas garde, on risque d'y perdre sa santé mentale.
La connerie est contagieuse
Le con est à notre intelligence ce que la kryptonite est à superman : neutralisante. "Les cons transmettent la connerie immédiatement ou presque. En identifier un, c'est commencer à en devenir un autre car cela signifie perdre son sang-froid et ses capacités d'analyse" observe le philosophe.
Pendant qu'on reste là bouche bée, le coin bouché, comme deux ronds de flans par l'énormité de ce qu'on vient d'entendre, le con, lui, ricane avec supériorité, convaincu que c'est la justesse de son argumentation qui nous a réduit au silence. Par leur attitude, ces individus "créent autour d'eux un refus de bienveillance et d'amour".
Alors c'est bien beau tout ça, mais comme Benny B, tu te demandes :
Et qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
Rappelons que la question à laquelle le livre promettait de répondre est "Que faire des cons" ?
La réponse de Maxime Rovère a quelque peu douché mon enthousiasme. Je m'attendais naïvement à une recette miracle (et légale) pour se débarrasser des cons. En réalité, nous n'avons pas d'autre choix que... de faire avec. #joiebonheur
Pourquoi ? Parce qu'ils sont là pour rester. Si nous voulons éviter d'être contaminé par la connerie des autres -ce qui apparemment arrive dès qu'on se laisse submerger par l'émotion- nous devons les comprendre, afin d'être en mesure de déplacer le problème pour revenir à une meilleure humanité (si j'ai bien saisi).
Comment accomplit-on ce tour de passe-passe ? Premièrement, en dédramatisant : "Les cons sont des événements comme les autres". Il faut éviter de s'exciter quand ils nous chauffent, essayer d'être "sage", (plus qu'eux, en tout cas), les écouter se plaindre, car oui, les cons souffrent (je trouve ce dernier point particulièrement révoltant).
Mais on ne s'appelle pas Jésus !
Cependant, attention aux excès de zèle : "Vous n'êtes pas le prof des cons. Changez les situations pas les personnes" recommande Maxime Rovère. Il est donc inutile de s'épuiser à essayer de les raisonner. D'autant plus qu'ils ne seront jamais d'accord avec vous car les cons "sont les apôtres sacrés de la guerre".
Alors on fait ce qu'on peut, certes, mais juste assez pour limiter l'ampleur du chaos. Et pas la peine de chercher un sens à leur présence malencontreuse dans notre vie. Les cons sont juste des "évènements", on le rappelle, et nous ne sommes pas en mission ! "(...) n'en déplaise aux mystiques de la grâce et aux volontaristes du mérite moral, vous n'avez pas à chercher plus de force que vous n'en n'avez".
AMEN !
J'ai adoré ce livre. Notamment parce que je soutiens pas mal des idées avancées par l'auteur mais ça a tout de suite plus de classe et d'autorité lorsque c'est un philosophe qui les exprime. Un philosophe intelligent, j'entends. Parce qu'on en connaît, des cons qui se disent philosophes.
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