La semaine dernière, j'ai découvert le spectacle "Kiss and Cry" à la Scala grâce à une amie qui l'avait vu il y a quelques années. Elle pressentait que j'aurais un coup de coeur et elle ne s'est pas trompée. Merci copine.
À la fin de cette rencontre bouleversante, je ne voulais même plus quitter les lieux de peur d'y laisser un peu de moi-même... de rompre le charme... d'altérer, en bougeant, la beauté et la douceur de mes souvenirs tout neufs.
Dans "Kiss and Cry", il est justement question de souvenirs :
Assise sur le quai d'une gare, Gisèle, une femme entre deux âges, s'interroge : "Où vont les gens quand ils disparaissent de notre vie, de notre mémoire ?". Gisèle, qui "n'aimait pas le monde et savait que le monde ne l'aimait pas*" va exhumer les souvenirs enfouis de ses amours passées et nous toucher en plein coeur.
Superbement écrit, magistralement dansée par les protagonistes, deux mains sublimes de sensualité et d'expressivité, "Kiss and Cry" est un shot de poésie inespéré.
Les mains évoluent dans des décors miniatures filmés en direct et retransmis sur grand écran. La magie est partout, littéralement. Car le ballet de leur récit se construit sur scène, sous les yeux du spectateur qui, s'il le désire, peut alors partager son attention entre l'oeuvre en train de se créer sur le plateau et l'image cinématographique projetée. Cette "transparence", loin de briser l'enchantement, le renforce : en révélant le mystère de ses coulisses, "Kiss and Cry" tisse un lien unique avec son public et devient ainsi une expérience émotionnelle encore plus précieuse.
Quand je me suis décidée à sortir de la salle, j'ai réalisé que ce spectacle avait été écrit par la chorégraphe Michèle Anne de Mey (que je ne connais pas) et le réalisateur Jaco Van Dormael (Mr Nobody, Le huitième jour, Toto le héros...) !!!
Alors lui, je le connais. Je suis devenue fan du travail de Van Dormael après avoir vu "Mr Nobody". Cela fait des mois que je me promets de trouver le livre "Écrire le chaos" dans lequel il explique son processus de création. J'ai d'ailleurs fini par emprunter cet ouvrage à la bibliothèque... deux jours avant de me rendre à cette représentation. Par hasard.
"Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous", affirmait Paul Éluard.
Je ne saurais comment expliquer les petites coïncidences qui surviennent parfois dans notre vie, mais pour moi, il est évident que "Kiss and Cry" était un rendez-vous.
Et un rendez-vous d'une grande délicatesse.
Vous avez jusqu'au 31 décembre pour voir cette merveille à la Scala, à Paris !
* Je ne pouvais que l'aimer !
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