Je suis une adepte des livres de développement personnel depuis l'âge de 20 ans (tout ça pour ça !). Quand, au fil des pages, je tombe sur des conseils qui me semblent pertinents, j'ai tendance à les partager largement tel un gourou de seconde zone. J'ai atteint un tel degré d'expertise et de crédibilité que certains de mes amis m'encouragent maintenant à publier mes propres préceptes.
Hem.
Actuellement, en terme d'épanouissement, j'en suis plutôt au stade "J'ai choisi la dépression"* de Dana Eagle, donc pour le moment, je vais m'abstenir. Mais pourquoi pas plus tard ? Quand j'aurais bien vécu (comprendre "galéré"), que je serai devenue (vraiment) vieille et que j'aurai le recul et la sagesse nécessaires pour analyser mon parcours et délivrer des solutions avisées que j'aurais moi-même appliquées avec succès.
"Un jour, j'irai vivre en théorie, parce qu'en théorie, tout va bien"
Vu la gadoue dans laquelle on patauge quelque soit la quantité engloutie d'ouvrages étiquetés "bien-être", on en vient à se demander si cet échec est lié à notre misérable personne ou si ces conseils qui paraissent si judicieux sur le papier ne sont pas en réalité tout pourris.
Dans "F*ck le développement personnel, Manuel de survie quand vos défauts vous gâchent la vie" (éd. Thierry Souccar) le Dr Michael Bennett (psychiatre diplômé de Harvard) et sa fille Sarah Bennet (scénariste) semblent affirmer que les pauvres lecteurs que nous sommes avons été abusés par des fanatiques de l'optimisme.
En préambule, ils précisent que "tout n'est pas réalisable". Le premier pas pour sortir de l'impasse serait donc d'admettre qu'"il y a des limites au développement personnel".
Aaaaah on est loin des discours qui célèbrent notre toute puissance et nous invitent à devenir la meilleure version de nous-même en libérant nos talents. Y a-t-il vraiment quelque chose à améliorer ? Peut-être avons-nous atteint sans le savoir notre seuil de compétence (ou d'incompétence) au bonheur ? En substance, les Bennet nous disent ceci : vous êtes bancals, la plupart du temps vous ne savez pas ce que vous faites, ça n'ira pas en s'arrangeant, alors apprenez dès aujourd'hui à limiter le carnage.
Au lieu de nous endormir de promesses, ils assurent apporter des solutions concrètes à nos problèmes.
En 5 chapitres (dont le délicieux "arrêter de tout foirer dans sa vie"), "F*ck le développement personnel, propose donc des études de cas, un diagnostic express et des conseils pour tout type de problématiques et de profils, comme ceux qui par exemple souhaiteraient "arrêter de se comporter comme des connards". Cerise sur le gâteau : des modèles de lettres à envoyer à nos proches ou à soi-même.
EXTRAITS
(cliquez sur la photo pour l'agrandir)
Pas sûr que la lecture de "F*ck le développement personnel révolutionne nos vies (en même temps, les auteurs n'ont pas cette prétention). Les conseils proposés invitent plus à l'action qu'à l'introspection, certes, mais ce sont ceux qu'on retrouve généralement dans les ouvrages du même genre, et qui relèvent juste du bon sens.
Cependant le point de départ de ce petit guide est intéressant. Il fait écho à tous ces bouquins qui aujourd'hui nous implorent de nous ficher la paix.
En ce qui me concerne, je vais continuer à lire mes livres de développement personnel qui ne me servent à rien, et à croire qu'un jour, je sortirai de mon état larvique pour me transformer, comme par magie, en papillon... Sachant que l'espérance de vie d'un papillon varie entre 1 jour et 10 mois suivant l'espèce, je ne suis pas pressée-pressée de me métamorphoser, mais l'espoir fait vivre et c'est tout ce qui compte !
En conclusion : il ne faut pas prendre la vie trop au sérieux. Comme le pointait Bernard Le Bouyer de Fontenelle "de toute façon, vous n'en sortirez pas vivant".
*Pas encore lu mais j'ai hâte ! On me l'a offert pour mon anniversaire, comme quoi, mes amis me connaissent !
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