Aaaaah le printemps, ses promesses de douce chaleur et ses arbres en fleurs !
Cette année j'ai décidé d'innover et de mettre en sourdine mes jérémiades sur ces allergies qui nous enquiquinent afin de célébrer l'équinoxe dignement. En éternuant, oui, en me mouchant aussi oui bon d'accord mais surtout en t'offrant ce superbe autoportrait de Gaspard Noël baptisé "L'hypothèse fruitière".
Bel hommage à l'oeuvre de Dame Nature, n'est-ce pas ?
En 1983, les Weather Girls s'extasiaient "It's raining men", Hallelujaaaah, (Enfiiiiin, il pleut des hommes, merci Seigneur Jésus Sainte Vierge Marie), grâce à ce photographe de talent, aujourd'hui il pousse des hommes ! Amen !
Un arbre, un homme et plusieurs versions de lui-même, dépouillés de tout artifice et en symbiose. J'ai découvert cette photo le mois dernier, lors de l'exposition "Art Capital" au Grand palais. Je me suis plantée devant et j'ai presque pris racine, fascinée par la démarche artistique de Gaspard Noël. On aurait presque pu m'accuser de me rincer l'oeil mais je ne bavais pas ma respectabilité de doyenne de l'aigreur me place au-dessus de tout soupçon.
Une énergie primitive se dégage de ce cliché. Il m'évoque l'Arbre de vie (mais il pourrait très bien s'agir de l'Arbre de la connaissance et de son fruit défendu), les origines de l'Homme, sa (re)naissance. J'imagine que c'est fortement lié à la nudité du photographe qui rappelle celle d'Adam ou notre propre venue au monde.
"L'hypothèse fruitière" m'a également fait songer à la chanson de Billie Holiday "Strange fruit" qui fait référence aux Noirs lynchés et pendus dans le Sud des Etats-Unis, dans les années 1930 :
"Southern trees bear strange fruit
Blood on the leaves and blood at the root
Black bodies swinging in the southern breeze
Strange fruit hanging from the poplar trees"
(Les arbres du Sud portent un fruit étrange / Du sang sur les feuilles et du sang aux racines / Des corps noirs qui se balancent dans la brise du Sud / Un fruit étrange suspendu aux peupliers)
C'est bien évidemment une association d'idées par contraste. Dans la chanson de Billie Holiday, on parle d'hommes morts, pendus, alors que le cliché de Gaspard Noël met en scène un homme sus-pendu, plein de vitalité. La pulsion de vie est indéniable, elle transparaît dans l'image dupliquée de cet homme, semblable à lui-même mais toujours différent. Une répétition qui incarne le cycle de la vie et l'éternel recommencement de la nature.
Bon, je crois qu'il est évident que "L'hypothèse fruitière" m'a bien fait cogiter, maintenant, passons aux choses sérieuses :
Qui veut m'accompagner pour la cueillette ?
Le travail de Gaspard Noël est à découvrir ici :
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