T'es-tu déjà demandé à quoi aurait pu ressembler le personnage de Tatie Danielle à l'adolescence ? Je crois que j'ai enfin trouvé grâce à La fabuleuse Gilly Hopkins !
Gilly - diminutif de Galadriel- a tout juste 12 ans. Mais contrairement à son homonyme romanesque créé par l'écrivain britannique Tolkien, sa vie n'a rien de féerique. Abandonnée par sa mère dès son plus jeune âge, Gilly est baladée de famille d'accueil en famille d'accueil à cause d'un caractère intraitable et d'un esprit trop indépendant. Quand elle atterrit chez Maime Trotter, elle est prévenue : c'est sa dernière chance d'avoir enfin une vie de famille stable.
L'être et le paraître
Gilly est une enfant attachante malgré son comportement odieux. Elle ne veut ni se laisser aimer ni se laisser aller à aimer car ce serait un signe de faiblesse, une reddition. Or Gilly est une battante, une bagarreuse même, qui refuse de s'apitoyer sur son sort. Pour elle, c'est également une façon de rester fidèle à sa mère qu'elle veut retrouver à tout prix.
Ce personnage et celui de Tatie Danielle ont un point commun : leur intelligence. Dans le making of de son film, le réalisateur Etienne Chatilliez explique : "Tatie Danielle, c'est un peu une île déserte d'intelligence entourée d'eau qui serait la bêtise et qui préfère ne pas se mouiller avec les autres".
Gilly aussi est intelligente. Elle déteste les "dessins animés débiles", ne supporte pas le bavardage de la petite Agnès, une écolière envahissante, repousse les mamours de Maime. La jeune fille a décidé que sa mère biologique était la seule personne digne d'amour.
L'âge a rendu Tatie Danielle dépendante, et elle le fait payer à son entourage. De même, Gilly endosse un rôle de dure à cuire pour dissimuler son sentiment d'impuissance face à la situation qui est la sienne.
C'est l'institutrice Miss Harris qui va la démasquer : l'adolescente s'ingénie à passer pour un cancre alors qu'elle est plus douée que ses camarades. C'est le seul moyen qu'elle a trouvé pour tenir les autres à distance et pour exprimer la profonde colère qui l'anime.
Qu'est-ce qu'une famille ?
Le film aborde le phénomène des familles d'accueil en explorant la difficulté de devenir un foyer de substitution pour des enfants meurtris et méfiants. Maime Trotter n'a pas exactement le profil de la mère "adoptive" idéale. Elle a une dégaine improbable et manifestement ce n'est pas une fée du logis, mais elle possède un grand coeur. Avec Gilly, le tout jeune W.E, l'autre enfant de la famille, leur voisin Mr Randolph, elle va "faire famille", jour après jour, c'est-à-dire, tisser des liens de confiance, de respect et d'amour.
On ne choisit pas sa famille, certes, mais nous avons un rôle à jouer sur la nature de nos relations avec les membres qui la composent. C'est également à nous qu'il revient de nous trouver une famille de coeur si notre famille biologique n'est pas à la hauteur de nos attentes.
La maison de Maime Trotter offre l'image d'un foyer singulier. C'est une famille moderne, non conventionnelle, qui ressemble énormément aux familles recomposées d'aujourd'hui.
Un casting de rêve
Adapté du roman de Katherine Paterson "Gilly et la grosse baleine", le film de Stephen Herek est servi par un casting 4 étoiles. La jeune Sophie Nélisse, très convaincante dans ce rôle d'ado rebelle, est bien entourée :
Kathy Bates donne de l'épaisseur au personnage de Maime Trotter, cette femme plus toute jeune qui a de l'amour à revendre et parvient à briser les défenses de la rétive Gilly ; Bill Cobbs, qui joue ici le voisin de la famille, un vieil homme qui va transmettre à Gilly son goût pour la poésie et partager avec elle son sentiment de perte ; Octavia Spencer qui livre une interprétation savoureuse de l'institutrice Miss Harris, une femme généreuse qui ne s'en laisse pas compter ; ou encore Glenn Close, qui incarne la grand-mère de Gilly.
La fabuleuse Gilly Hopkins est un film familial qui fait du bien au moral et qui donne envie de dire à nos proches qu'on les aime.
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