En tant que femelle vieillissante de la famille des Félidés (oui, tu peux dire "cougar" aussi, ou plus précisément "cougar en formation"vu que je n'ai pas encore décroché mon permis de chasse), je suis plus portée sur "Magic Mike" ou les blockbusters d'action suitant la testostérone que sur des films sur les tourments d'adolescents.
Mais c'était sans compter l'humeur ambiante : les mutliples reportages depuis ce mardi sur les résultats du bac, les explosions de joie des jeunes diplômés en pleine rue...Tout ça m'a ramenée à cette époque bénie où je pensais, comme tout jeune de 18 ans que la vie, le monde même, m'appartenaient. J'ai vite déchanté, mais c'est un autre sujet.
J'ai eu envie de voir comment la réalisatrice Vania Leturcq allait aborder ce thème.
L'année prochaine, c'est d'abord l'histoire d'une amitié fusionnelle entre Aude et Clotilde. Elles viennent d'avoir 18 ans. La première est rousse, plantureuse, extravertie. La deuxième affiche une blondeur fragile. Mais les apparences sont trompeuses. Leur bac en poche, elles quittent leur petit village pour aller faire leurs études à Paris sous l'impulsion de Clotilde.
Livrées à elles-mêmes et face à de nouveaux repères, les deux amies évoluent, tout comme leur amitié. Clotilde parvient à s'adapter facilement. Elle rappelle un peu cette copine tête à claque qui sait tout sur tout, et qu'on tolère parce que, hé bien, c'est notre amie et que l'amitié, c'est sacré ! Aude a nettement plus de mal. Clotilde l'a inscrite à son insu dans une grande prépa d'art alors que la jeune fille n'avait pas encore clairement décidé de ce qu'elle voulait faire dans la vie. Aude n'a aucun filtre, elle est la spontanéité personnifiée et elle serait parfaite en ambassadrice incendiaire de la philosophie YOLO ("You only live once", on ne vit qu'une fois, en français).
Leur amitié va se déliter. Sous des dehors paisibles, Clotilde est l'élément dominant de leur couple. Elle veut une relation exclusive avec son amie Aude et semble la considérer comme sa propriété. On sent de l'amour mais aussi beaucoup de manipulation de sa part. La relation des deux jeunes filles, qui remonte à l'enfance, avait certainement trouvé une zone d'équilibre, dans le cadre familier de leur bourgade natale, mais une fois à Paris, la dynamique a inexorablement changé. Aude, qui projette l'image d'une jeune fille pleine d'assurance et de sex-appeal, se révèle moins bien armée que sa camarade pour affronter cette première année dans la capitale. Le déséquilibre va s'installer durablement et l'écart se creuser entre les deux ex-BBF, jusqu'au point de non retour, les laissant meurtries par le sentiment de perte et de trahison.
L'année prochaine est un film sur le passage à l'âge adulte, avec tout ce que cette transition comporte de douleurs et de désillusions. Il traite également des différentes façons d'appréhender l'avenir et explore la mécanique des relations.
Constance Rousseau, qui interprète Clotilde, a un côté éthéré qui n'est pas sans rappeler Vanessa Paradis. Quant à la pétillante Jenna Thiam (Aude), le public ne peut s'empêcher d'entrer en empathie avec son personnage.
Les deux actrices dégagent une réelle fraîcheur même si certains échanges paraissent parfois un peu maladroits. Quoiqu'il en soit, on croit à leur histoire et à leur détresse, à l'heure de la rupture.
Encore bravo aux bacheliers 2015 (et pas trop de bruit ce soir dans la cour de l'immeuble, merci, y a des vieilles qui ont du sommeil à rattraper) ! Pas de panique si vous ne savez pas ce que vous voulez faire à la rentrée, ou dans la vie en général. 17 ans après avoir passé le bac, il m'arrive encore de me demander ce que je vais pouvoir faire l'année prochaine : mais c'est ça qui est bon (ou pas) !
#LIFEISABEACH
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