Le chômage est une maladie grave qui attaque sans crier gare.
Le chômage peut tuer.
Une récente étude de l'Insem révèle un taux de mortalité anormalement élevé chez les chômeurs : il serait presque trois fois supérieur à celui des non-chômeurs. Victimes de pathologies chroniques ou d'accidents cardiovasculaires, entre 10 000 et 20 000 personnes décéderaient chaque année "du chômage".
Et c'est sans compter les suicides : 45 000 par an (étude menée par l'université de Zurich dans 63 pays)
Parmi les effets secondaires du chômage, n'oublions pas l'altération de la personnalité, le pétage de plomb, le dérapage incontrôlé. C'est ce dernier aspect qui est au coeur du polar de Saar Klein, "Things people do :
Avec sa femme, ses deux fils, sa grande maison avec piscine, Bill Scanlon, employé d'assurance, offre l'image lisse du rêve américain. Même s'il n'est pas besoin de gratter très fort pour découvrir de nombreuses failles. Ecrasé par son beau-père, fils d'un flic qui a mal tourné, il cherche à être un modèle pour ses fils et un pilier pour sa femme.
Son brusque licenciement le met en échec et la descente aux enfers commence. Bill devient un braqueur "à l'insu de son plein gré" puis finit par trouver un exutoire à sa frustration dans ses nouvelles activités.
Wes Bentley incarne de façon convaincante la lutte intérieure de cet homme, qui est parfois rattrapé par ses valeurs de façon intempestive, ce qui donne lieu à des scènes assez drôles.
La lenteur du film induit un certain malaise chez le spectateur qui fait écho à celui du personnage principal : on a autant de mal à être les témoins de sa chute, que lui à la gérer. Cette lenteur nous permet également d'observer les liens qui vont se tisser ou se défaire entre les personnages, comme ce policier à la dérive qui va devenir l'ami de Bill ou encore l'évolution de "la piscine", qui semble être le miroir de la conscience de cet anti-héros. Comme le tableau dans "Le portrait de Dorian Grey", la piscine accompagne la déchéance de ce chômeur. Elle devient de plus en plus sale. Jusqu'à disparaître.
Malgré quelques longueurs, "Things people do" reste un film prenant. Il y est question de solitude, de choix, de rédemption. Et de pardon aussi, celui qu'on accorde à l'autre mais aussi celui que l'on s'accorde à soi-même.
Romain Duris, lui, aura peut-être plus de mal à trouver la paix. Il tourne actuellement "Un petit boulot", avec Pascal Chaumeil, le réalisateur de "L'arnacoeur". Adapté d'un romain de Iain Levinson, le film racontera l'histoire d'un ouvrier au chômage qui va devenir tueur à gage pour survivre.
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Le chômage tue, on a dit !
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