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Allô, la terre ?


Le fact-checking en échec ?

Publié par Ta Da sur 26 Février 2022, 17:18pm

Catégories : #journalisme, #fact checking, #covid, #prière, #fake news

 

Le fact-checking, c'est top... du moins quand il est crédible. C'est-à-dire quand des faits peuvent être vérifiés, qu'une enquête peut être menée. Depuis deux ans, je suis frustrée et confuse de voir proliférer tous ces fact-checks sur des... opinons de médecins ou de scientifiques. Pas sur des faits. Exemple : l'analyse d'un expert quelconque va se trouver contrecarrée par une assertion du type "selon les experts que nous avons rencontrés, telle étude doit être interprétée de telle façon". Bon, jusqu'ici, tout va bien, puisqu'en école de journalisme, on nous apprend à vérifier nos sources et à les recouper au moins trois fois. Donc admettons qu'on demande une expertise à trois personnes différentes mais qu'on obtienne trois réponses différentes...

Quand on n'est pas scientifique soi-même... comment détermine-on quel scientifique est dans le vrai ? En sachant en plus que la science n'est pas figée, qu'elle évolue constamment - cette pandémie en est un exemple flagrant. Puisque le fact-checking est censé révéler la véracité d'une information, comment fait-on pour sortir notre papier quand on a trois avis contradictoires ? On fait pic et pic et colégram ? On demande à une main innocente de choisir à notre place ? Certains ont décidé de faire des enquêtes de moralité pour se forger une opinion : "Puisque Untel a fricoté avec Untel à un moment, il n'est pas crédible". C'est un peu léger comme démonstration, non ? Surtout que les conflits d'intérêts, étrangement, ne semblent pas être rédhibitoires. À ce rythme-là, il ne faudra pas s'étonner ni s'offusquer quand les lecteurs exigeront de fouiller dans le passé des journalistes pour vérifier s'ils sont dignes de les informer.

Je ne juge pas, hein, car je n'ai jamais connu ce cas de figure et je ne sais pas comment j'aurais géré la situation si j'étais fact-checker, mais je m'interroge sincèrement. Comment les journalistes valident-ils leurs experts : au feeling, en faisant confiance à la méthode Coué, ou juste en se disant que c'est le dernier qui a parlé qui a raison ?

Parce qu'à la lecture, ça fait un peu tiquer. Et flipper.

À la rigueur, on aurait pu s'attendre à une confrontation des trois interprétations dans un même papier. Ça ne fait avancer le schmilblick certes, mais au moins, c'est honnête. Ou alors, on évite de sortir l'article dans la rubrique fact-checking. Laissons le point de vue, l'opinion voire l'idéologie s'exprimer dans la rubrique éditoriale par exemple et arrêtons de nous afficher : on ne peut pas fact-checker tout et n'importe quoi.

 

Pour aller plus loin 

https://www.acrimed.org/Les-limites-du-fact-checking-extrait-de-Comment-s

https://eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/prier/prieres-pour-notre-temps/369546-la-priere-du-journaliste/

 

 

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